30/07/2011

A reaction to "French hospitals and their demons"

À propos de la publication de l'ouvrage collectif en français, L'hôpital et la profession infirmière, Une comparaison France-Japon (Arslan, Nov. 2008), un article a apparut sur le blog Lait d'BEU, Le Monde.fr. Voir  blog.lemonde.fr/  16/01/2009.

Veuillez trouver, ci-dessous, un extrait de l'article 16/01/2009.

"Les mauvaises leçons du professeur Sarko sur la gestion de l’hôpital et les remèdes de Diaffoirus ultra-libéral a y apporter" par Kamizole
Je préfère lire avec nettement plus de profit pour la compréhension des enjeux l’approche aussi intelligente que pertinente de Philippe Mossé, économiste, directeur de recherche au CNRS-Lest d’Aix-en-Provence. L’hôpital français et ses démons. Preuve évidente que l’on peut aborder les problèmes économiques posés par les politiques de santé publique en général et de gestion des structures hospitalières sans succomber aux œillères de l’économisme !
Je n’ai pas envie de paraphraser cet excellent texte et je me contenterais d’en citer quelques passages qui me paraissent hautement significatifs :
«Si les questions sont formulées différemment selon les époques, le sens de l’interrogation est le même depuis les années 1970. Cette constance n’est pas étonnante. En effet, au-delà de son apparence polémique elle trahit un accord sur ce qui ferait vraiment problème : l’invasion de l’hôpital par les valeurs, les méthodes, les objectifs de l’économie
(…) d’abord identifier les principales caractéristiques de l’hôpital. Il faut accepter qu’il ne soit plus l’institution charitable qu’il fut et, dans le même temps, soutenir qu’il n’est pas et ne sera jamais une entreprise rentable. Il faut aussi admettre que l’hôpital soit à la fois dangereux et protecteur, centre d’expertise scientifique et lieu de vie, fermé sur lui-même et ouvert à la société.
(…) Reconnaître ces ambivalences, voilà le prérequis. Il s’agit ensuite de penser l’économie de l’hôpital, en essayant de faire de cette complexité un atout.
Il remet ensuite en cause le modèle unique de financement basé sur la tarification à l’activité («la T2A à 100 %») «Non pas tant parce la T2A consacrerait l’entrée du loup libéral dans la bergerie du «service public à la française», mais plutôt parce qu’elle reviendrait à plaquer un mode unique d’incitation économique sur des situations qui sont, et doivent rester, diversifiées.»
Ne croyez pas pour autant que Philippe Mossé soit partisan du statu quo. Bien au contraire, il explore les pistes qui pourraient améliorer la qualité de la prise en charge des patients au sein d’un système repensé, notamment en terme de collaboration entre les différentes structures sanitaires de même qu’entre les intervenants – médicaux et paramédicaux.
Il démontre qu’au Japon, la logique de prise en charge des malades – autrement globale et prenant en compte tous les besoins : «soins relationnels et tâches «domestiques» sont considérés comme constitutifs des prises en charge médicalisées» - qui constituaient naguère le quotidien de la vie de l’hôpital au même titre que les soins et actes médicaux - a une influence certaine sur la qualité de la prise en charge des patients.
Alors que la future loi «hôpital, patients, santé et territoires» devrait au contraire consacrer la recherche absurde de la compétitivité (sous le couvert de prétendus «contrats» entre services, établissements hospitaliers) avec des objectifs qui ne feront que renforcer la vision économiste des problèmes de santé publique : «rôles propres» et logiques professionnelles contribuent à organiser formellement tous les services sur le seul mode du «flux tendu».
Précisément, tous les professionnels soignants - médicaux autant que paramédicaux, de même que les gestionnaires des établissements (directeurs et économes) savent bien la perversité des «flux tendus» qui font travailler en permanence "sur le fil du rasoir", selon une expression lue à plusieurs reprises, objectifs à court terme et sans vision d'ensemble ni - encore moins ! - de la satisfaction générale des besoins et des publics auxquels ils devraient s'adresser, partis-pris idéologiques qui ont fait fermer des services ou des hôpitaux, et tendent à réduire toujours davantage les moyens, supprimer du personnel tant et plus, au risque des drames que nous venons de connaître.
Le fait qu’il soit l’auteur d’un ouvrage récent comparant les politiques de soins en France au Japon, en s’intéressant plus particulièrement à la profession infirmière : "l’Hôpital et la profession infirmière, une comparaison France Japon", avec Maryse Boulongne-Garcin, Toshiko Ibe, Tetsu Harayama, éd. Seli Arslan, décembre 2008 témoigne d’une vision centrée sur le réel des problèmes rencontrés par mes ex consœurs qui est bien éloignée des élucubrations mensongères d’un Nicolas Sarkozy.
Il fait en effet mine de respecter le personnel hospitalier «assurer ces gens dévoués de son soutien total» en même temps que toutes ses déclarations - ainsi que ses actes ! - témoignent à l'évidence du contraire. "Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire" eût dit Zazie...